Choisir le bon matériau plastique pour votre projet : Le guide essentiel de l’ingénieur

Industrie Plastique

Le choix du matériau, décision stratégique en conception de pièces plastiques

Dans le cycle de développement d’un produit, le choix du polymère est bien plus qu’une simple ligne sur un cahier des charges ; c’est une décision d’ingénierie fondamentale qui conditionne la performance, le coût de production, la durabilité et même la perception du produit final par l’utilisateur. Une sélection inadéquate à ce stade précoce peut se traduire par des défaillances coûteuses en service, des rappels de produits préjudiciables ou des opportunités de marché manquées. Pour l’ingénieur concepteur, la sélection d’un matériau plastique est un exercice d’équilibre constant au sein d’un triptyque de contraintes : la performance technique requise par l’application, le coût global qui inclut non seulement la matière première mais aussi l’outillage et le cycle de production, et les délais de mise sur le marché.

Ce guide a été spécifiquement structuré pour répondre à ces défis. Il ne se contente pas de lister des matériaux, mais propose une démarche analytique et comparative pour naviguer dans l’univers complexe des thermoplastiques. Nous allons :

  1. Explorer les grandes familles de polymères thermoplastiques, des plus courants aux plus techniques.
  2. Comparer leurs propriétés de manière quantitative et qualitative pour permettre un arbitrage éclairé.
  3. Analyser comment les additifs et les renforts peuvent transformer un plastique standard en un matériau de haute performance sur mesure.
  4. Fournir une méthodologie de sélection rigoureuse et pragmatique, applicable à vos projets concrets.

Cet article technique s’inscrit dans une démarche globale visant à vous fournir les outils nécessaires à la réussite de vos projets. Il vient en appui de notre Guide Complet de l’Injection Plastique pour les Ingénieurs, qui offre une vision exhaustive du procédé de transformation. Ensemble, ces ressources constituent une base de connaissances solide pour passer de l’idée à la pièce injectée, en toute maîtrise.

Panorama des grandes familles de thermoplastiques pour l’injection

Comprendre les caractéristiques intrinsèques de chaque grande famille de polymères est la première étape vers une sélection judicieuse. On distingue classiquement les plastiques de commodité, optimisés pour un excellent rapport coût-performance dans des applications à grand volume, des plastiques d’ingénierie, formulés pour répondre à des contraintes techniques élevées.

Les plastiques de commodité : L’équilibre coût-performance

Ces polymères représentent la majorité du volume de plastiques transformés dans le monde. Leur polyvalence et leur coût compétitif en font des choix privilégiés pour une multitude d’applications de la vie courante.

Polyéthylène (PE) : Le flexible et chimiquement inerte

Membre de la famille des polyoléfines, le Polyéthylène est le plastique le plus produit au monde. Sa structure moléculaire simple (−(CH2​−CH2​)n​−) lui confère une excellente inertie chimique, une grande flexibilité et un coût très attractif. Il se décline principalement en deux variantes majeures pour l’injection :

  • PE-HD (Polyéthylène Haute Densité) : Sa structure linéaire lui confère une plus grande rigidité et une meilleure résistance mécanique que le PE-BD. Il est semi-rigide et opaque. Il est massivement utilisé pour les flacons, les bouteilles de lait, les bidons de produits d’entretien et les contenants rigides.
  • PE-BD (Polyéthylène Basse Densité) : Sa structure ramifiée le rend plus souple, plus extensible et translucide. Il est principalement employé pour les films, les sacs et les flacons souples.

Polypropylène (PP) : Le polyvalent infatigable

Également membre de la famille des polyoléfines, le Polypropylène se distingue par une densité encore plus faible que celle du PE, ce qui en fait l’un des plastiques les plus légers. Il offre une résistance à la chaleur supérieure, une excellente rigidité et une résistance à la fatigue exceptionnelle, ce qui lui permet de former des « charnières intégrées » capables de supporter des millions de cycles de flexion. Sa résistance chimique est également excellente. Ses applications sont extrêmement variées : pièces automobiles (pare-chocs, tableaux de bord), emballages alimentaires réutilisables (apte à la stérilisation), appareils électroménagers, mobilier de jardin, et composants techniques divers.

Les plastiques d’ingénierie : La performance au cœur des applications techniques

Lorsque les exigences en termes de résistance mécanique, de tenue en température ou de stabilité dimensionnelle dépassent les capacités des plastiques de commodité, les plastiques d’ingénierie prennent le relais.

Acrylonitrile Butadiène Styrène (ABS) : L’alliance de la robustesse et de l’esthétique

L’ABS est un terpolymère amorphe qui tire le meilleur de ses trois composants : la rigidité et la résistance chimique de l’Acrylonitrile et du Styrène, et la ténacité (résistance aux chocs) du Butadiène. Cet équilibre unique lui confère une excellente robustesse, y compris à basse température, une grande dureté de surface et un aspect brillant. Il présente également une très bonne aptitude à la finition (peinture, chromage, collage), ce qui en fait un matériau de choix pour les pièces d’aspect. On le retrouve dans les boîtiers d’appareils électroniques, les pièces d’habitacle automobile, les jouets (comme les briques de construction) et l’électroménager.

Polycarbonate (PC) : Le champion de la transparence et de la résistance aux chocs

Le Polycarbonate est un thermoplastique amorphe dont les deux caractéristiques les plus remarquables sont sa clarté optique, très proche de celle du verre, et sa résistance aux chocs exceptionnelle, qui reste élevée même à de très basses températures. Il possède également une bonne stabilité dimensionnelle et une tenue en température élevée. Ces propriétés en font le matériau de prédilection pour les applications de vitrage de sécurité, les optiques de phares automobiles, les casques de protection, les boucliers et les boîtiers électroniques transparents.

Polyamide (PA) : L’endurance mécanique et chimique

Communément appelés Nylon, les polyamides (dont les plus courants sont le PA6 et le PA66) sont des polymères semi-cristallins réputés pour leur combinaison exceptionnelle de propriétés mécaniques : haute résistance à la traction, rigidité, excellente résistance à l’usure et au frottement, et bonne stabilité thermique. Ils offrent également une très bonne résistance aux produits chimiques, notamment aux huiles, graisses et hydrocarbures. Leur principal point de vigilance est leur tendance à absorber l’humidité, ce qui peut influencer leurs propriétés mécaniques et leur stabilité dimensionnelle si la pièce n’est pas conçue en conséquence. Ils sont incontournables pour les pièces mécaniques sous contrainte comme les engrenages, les paliers, les pièces de moteur, les connecteurs électriques et les fixations techniques.

Polyméthacrylate de Méthyle (PMMA) : La clarté optique et la résistance aux intempéries

Plus connu sous ses noms commerciaux (Plexiglas®, Altuglas®), le PMMA est un thermoplastique amorphe qui se distingue par sa transparence et sa brillance exceptionnelles, souvent considérées comme supérieures à celles du PC. Son avantage majeur réside dans son excellente résistance aux rayons UV et aux intempéries, ce qui lui garantit une stabilité de couleur et de propriétés sur le long terme en usage extérieur, là où d’autres plastiques se dégraderaient. En contrepartie, il est plus rigide mais aussi plus cassant et moins résistant aux chocs que le Polycarbonate. Il est donc idéal pour les feux arrière de voitures, les enseignes lumineuses, les vitrages (hors sécurité), le mobilier design et les dispositifs optiques.

Analyse comparative approfondie des propriétés matériaux

Le choix final d’un matériau repose sur un arbitrage technique précis. Cette section vise à quantifier et à comparer les propriétés clés qui guideront la décision de l’ingénieur.

Propriétés mécaniques : Qui résiste à quoi ?

  • Résistance à la traction et Rigidité (Module d’élasticité) : Ces paramètres définissent la capacité d’une pièce à supporter une charge sans se déformer de manière permanente ou se rompre. Les polyamides renforcés (PA66-GF30) et les polyamides standards (PA66, PA6) affichent les plus hautes résistances à la traction, dépassant souvent 80 MPa, ce qui les rend aptes aux applications structurelles. Le Polycarbonate (PC) suit avec une excellente résistance d’environ 65 MPa. À l’opposé, les polyoléfines comme le PE sont beaucoup plus flexibles. En termes de rigidité, le PMMA (Module d’élasticité de
    3.2−3.4 GPa) et le PA6 (Module de 3.2 GPa) sont parmi les plus rigides des matériaux non renforcés, tandis que le PC et l’ABS offrent un bon compromis entre rigidité et ténacité.
  • Résistance aux chocs (Résilience) : C’est la capacité d’un matériau à absorber une énergie d’impact sans se fracturer. Le Polycarbonate (PC) est le leader incontesté dans cette catégorie, ce qui justifie son utilisation dans les casques et les vitrages de sécurité. L’ABS offre également une excellente ténacité, conservant sa résistance aux chocs même à de basses températures, une qualité héritée de sa composante butadiène. À l’inverse, le PMMA et le Polystyrène (PS) sont connus pour leur nature cassante et leur faible résistance à l’impact.
  • Dureté et résistance à l’abrasion : La dureté de surface est fondamentale pour les pièces d’aspect et celles soumises au frottement. Les Polyamides (PA) se distinguent par leur faible coefficient de frottement et leur haute résistance à l’usure, ce qui en fait le matériau de choix pour les engrenages, les paliers et les pièces de glissement. Le PMMA et le PC possèdent une bonne dureté de surface (Shore D > 80), mais sont relativement sensibles aux rayures, nécessitant parfois des traitements de surface spécifiques pour les applications optiques exigeantes.

Propriétés thermiques : Le test du feu et de la glace

  • Température de service continue : Elle définit la température maximale à laquelle un matériau peut être exposé de manière prolongée sans dégradation significative de ses propriétés. Les plastiques d’ingénierie surpassent nettement les plastiques de commodité. Le PC peut être utilisé en continu jusqu’à 115-130°C, et le PA66 jusqu’à 100-120°C. En comparaison, le PE-HD voit sa résistance mécanique chuter au-delà de 80-90°C.
  • Température de fléchissement sous charge (HDT) : Cet indicateur est encore plus pertinent pour les pièces structurelles, car il mesure la température à laquelle une éprouvette se déforme sous une charge définie. Le PC affiche une HDT très élevée, autour de 140°C, garantissant sa stabilité géométrique sous contrainte et à haute température. C’est un critère discriminant pour les pièces sous-capot moteur ou les boîtiers d’éclairage.
  • Stabilité dimensionnelle et dilatation thermique : La manière dont une pièce conserve ses dimensions face aux variations de température est critique. Les polymères amorphes (PC, PMMA, ABS) ont un retrait au moulage plus faible et plus isotrope que les semi-cristallins (PE, PP, PA), ce qui leur confère généralement une meilleure stabilité dimensionnelle intrinsèque. Le faible coefficient de dilatation thermique du PC est un atout majeur pour les pièces de précision.

Propriétés chimiques et environnementales : L’épreuve des agressions

  • Résistance aux produits chimiques : Les polyoléfines (PE et PP) sont remarquables pour leur inertie chimique. Elles résistent à une large gamme d’acides, de bases et de solvants aqueux, ce qui les rend idéales pour les contenants de produits chimiques et les applications de laboratoire. Les Polyamides (PA) sont particulièrement résistants aux huiles, graisses et hydrocarbures, d’où leur utilisation massive dans l’automobile. À l’inverse, les polymères amorphes comme le PC et le PMMA peuvent être sensibles à certains solvants, alcools et agents alcalins, pouvant provoquer des fissures sous contrainte (stress cracking).
  • Résistance aux UV et aux intempéries : Pour les applications extérieures, la résistance à la dégradation par les ultraviolets est primordiale. Le PMMA est le champion incontesté dans ce domaine, conservant sa transparence et ses propriétés mécaniques après des années d’exposition au soleil. L’ABS standard, en revanche, est très sensible aux UV : il jaunit et devient cassant. Pour un usage extérieur, il doit impérativement être formulé avec des stabilisants UV ou être protégé par un revêtement.
  • Absorption d’humidité : C’est un facteur critique pour les Polyamides (PA). Leur structure chimique leur confère une tendance naturelle à absorber l’humidité de l’air, ce qui agit comme un plastifiant : la pièce devient plus tenace mais perd en rigidité et en stabilité dimensionnelle. Ce phénomène doit être anticipé dès la conception. Les polyoléfines (PP et PE) et le PC, quant à eux, ont une absorption d’eau quasi nulle, garantissant des propriétés stables quel que soit le taux d’humidité ambiant.

Tableau comparatif synthétique des principaux thermoplastiques

Matériau Résistance Traction (MPa) Module d’Élasticité (GPa) Résilience Izod Entaillée (kJ/m²) Temp. Service Max (°C) Résistance Chimique Résistance UV Coût Relatif Applications Clés
PE-HD 24 – 31 1.0 – 1.4 >15 80 – 90 Excellente Faible (additifs requis) Bouteilles, flacons, tuyaux, caisses
PP 32 – 35 1.3 – 1.5 4 100 Excellente Faible (additifs requis) Pièces auto, emballages, charnières
ABS 38 – 45 2.0 – 2.3 22 – 25 80 Moyenne Faible (additifs requis) €€ Boîtiers électroniques, jouets, intérieur auto
PC 65 2.3 >20 115 – 130 Moyenne Moyenne (additifs requis) €€€€ Vitrages de sécurité, casques, optiques
PA66 85 – 90 3.0 – 3.5 4.5 100 – 120 Très Bonne (huiles) Moyenne €€€€ Engrenages, pièces sous-capot, fixations
PMMA 70 – 75 3.2 – 3.4 2 80 Bonne Excellente €€€ Feux auto, enseignes, vitrages design

Note : Les valeurs sont indicatives pour des grades standards non renforcés et peuvent varier significativement en fonction de la formulation exacte, des additifs et des conditions de mise en œuvre.

L’art de la formulation : Optimiser la performance avec les additifs et renforts

Le choix d’un polymère de base n’est que le début du processus de sélection. La véritable ingénierie des matériaux réside dans la formulation : l’ajout stratégique de renforts et d’additifs pour créer un « compound » sur mesure, dont les performances dépassent de loin celles de la résine d’origine. Pour l’ingénieur, il est essentiel de ne pas seulement penser en termes de « plastique », mais en termes de « grade » ou de « formulation ».

Renforts structurels : Quand le plastique devient composite

L’incorporation de fibres dans une matrice polymère permet d’augmenter drastiquement ses propriétés mécaniques et thermiques, ouvrant la voie à des applications de substitution du métal.

  • Fibres de Verre (GF) : C’est le renfort le plus couramment utilisé en raison de son excellent rapport performance/coût. L’exemple du PA66-GF30 (Polyamide 66 renforcé avec 30% de fibres de verre en masse) est emblématique. Par rapport au PA66 standard, l’ajout de fibres de verre permet de :
  • Doubler la résistance à la traction, passant d’environ 85 MPa à 160 MPa.
  • Tripler la rigidité (module de traction), passant de 3 GPa à près de 11 GPa.
  • Augmenter la température d’utilisation en continu de 20°C, passant de 100°C à 120°C.

Cette transformation fait du PA66-GF30 un matériau de choix pour les pièces structurelles soumises à de fortes charges et à des températures élevées, comme les supports de moteur ou les carters de boîtiers électroniques.

  • Fibres de Carbone (CF) : Pour des exigences extrêmes en matière de légèreté et de rigidité, les fibres de carbone sont utilisées. Bien que plus coûteuses, elles offrent un module d’élasticité et une résistance spécifique (résistance/densité) inégalés, les réservant à des applications de pointe dans l’aéronautique, l’automobile de compétition et les équipements sportifs haut de gamme.

Additifs fonctionnels : Adapter le matériau à son environnement

Les additifs sont des substances chimiques incorporées en faible quantité dans le polymère pour lui conférer des propriétés spécifiques qu’il ne possède pas naturellement.

Agents ignifugeants : La sécurité avant tout

Pour de nombreuses applications dans l’électronique, l’automobile ou le bâtiment, la capacité d’un matériau à résister à l’inflammation et à ne pas propager le feu est une exigence non négociable. La norme de référence internationale est la UL94, qui classe les plastiques selon leur comportement au feu. La classification UL94 V-0 est l’une des plus strictes et souvent exigée pour les pièces critiques. Pour l’obtenir, un échantillon vertical doit s’éteindre en moins de 10 secondes après le retrait de la flamme, sans produire de gouttes enflammées qui pourraient propager l’incendie.

Un cas d’application critique est celui des boîtiers de batteries pour véhicules électriques (EV). En cas de surchauffe ou de court-circuit, un phénomène d’emballement thermique peut se produire. Le boîtier doit pouvoir contenir cet événement le plus longtemps possible. Des matériaux comme le PC, le PBT ou des grades de PA spécifiquement formulés avec des additifs ignifugeants pour atteindre la classification V-0 sont donc impératifs.

Stabilisants UV : Vaincre l’épreuve du temps en extérieur

L’exposition prolongée au rayonnement ultraviolet du soleil est l’un des pires ennemis des polymères. Ce rayonnement énergétique provoque une photodégradation, c’est-à-dire une rupture des chaînes moléculaires. Ce phénomène se manifeste par une perte de propriétés mécaniques (le matériau devient cassant), une décoloration (jaunissement) et l’apparition de microfissures en surface. Pour contrer cet effet, on incorpore des stabilisants UV. Ces molécules, comme les benzophénones ou les HALS (Hindered Amine Light Stabilizers), agissent comme des boucliers : elles absorbent l’énergie UV nocive et la dissipent sous forme de chaleur inoffensive, protégeant ainsi l’intégrité de la matrice polymère. Leur utilisation est indispensable pour toutes les pièces destinées à un usage extérieur durable : composants de carrosserie automobile, mobilier de jardin, équipements de sport et loisirs.

Autres additifs clés

  • Colorants et Pigments : Permettent d’obtenir une palette de couleurs quasi infinie pour des raisons esthétiques ou de branding.
  • Modifiants Choc : Incorporés pour améliorer la ténacité et la résistance à l’impact de matériaux intrinsèquement rigides et cassants.
  • Agents de Glissement et Lubrifiants (ex: PTFE, silicone) : Ajoutés pour réduire le coefficient de frottement et améliorer la résistance à l’usure des pièces en mouvement.

La discussion technique ne doit donc pas s’arrêter au choix d’un polymère de base. Elle doit s’étendre à la sélection d’une formulation complète. La valeur ajoutée d’un partenaire expert en injection plastique réside précisément dans sa capacité à maîtriser cet art de la formulation pour concevoir un matériau qui répondra parfaitement, et au juste coût, à l’ensemble des contraintes du cahier des charges.

Le processus de sélection méthodique : Votre guide pratique en 4 Étapes

Fort de cette connaissance approfondie des matériaux et de leurs formulations, l’ingénieur peut aborder le processus de sélection de manière structurée. Cette démarche en quatre étapes permet de rationaliser la décision et de minimiser les risques.

Étape 1 : Définir le Cahier des Charges fonctionnel et réglementaire

Avant même de penser à un matériau, il faut lister exhaustivement toutes les contraintes que la pièce devra subir.

  • Contraintes mécaniques : Quelles sont les charges statiques (poids) et dynamiques (vibrations, impacts) ? La pièce sera-t-elle soumise à de la fatigue, de l’abrasion, du fluage (déformation sous charge constante) ?
  • Contraintes thermiques : Quelle est la plage de température de fonctionnement normale ? Y aura-t-il des pics de température brefs mais intenses ? La pièce sera-t-elle en contact avec des sources de chaleur ?
  • Exigences réglementaires et normatives : C’est un point souvent sous-estimé qui peut invalider un choix de matériau. La pièce doit-elle être conforme à des normes spécifiques ?
  • Aptitude au Contact Alimentaire : Pour toute pièce destinée à toucher des denrées alimentaires (emballages, ustensiles, composants de machines agroalimentaires), la conformité aux réglementations comme le règlement européen (CE) n°1935/2004 est impérative. Le choix est alors restreint à des grades certifiés.
  • Choix sûrs : Le PE-HD et le PP sont les matériaux de référence pour le contact alimentaire en raison de leur grande inertie chimique.
  • Choix possibles (avec grades spécifiques) : Des grades certifiés « Food Contact » existent pour l’ABS, le PA et certains autres plastiques techniques.
  • Choix à proscrire : Le Polycarbonate (PC) est désormais interdit en France (depuis 2015) et dans de nombreux pays pour les contenants alimentaires en raison des préoccupations liées à la migration de Bisphénol A (BPA). Le
    PMMA est également généralement déconseillé à cause de la possible migration de monomères résiduels.

Étape 2 : Analyser l’environnement d’utilisation

La performance d’une pièce dépend de son interaction avec son environnement.

  • Exposition Chimique : La pièce sera-t-elle en contact avec des huiles, des carburants, des solvants, des produits de nettoyage agressifs ? Il est essentiel de consulter des tableaux de compatibilité chimique détaillés.
  • Exposition aux UV et à l’eau : Une utilisation en extérieur nécessite un matériau intrinsèquement résistant aux UV (comme le PMMA) ou un grade spécifiquement stabilisé. L’exposition à l’humidité disqualifiera ou nécessitera une conception adaptée pour les matériaux hygroscopiques comme les polyamides.
  • Contraintes Esthétiques : La pièce doit-elle être transparente, opaque, brillante, mate ? La couleur est-elle un critère important ? L’état de surface doit-il être parfait ? Ces questions orienteront vers des matériaux comme le PC ou le PMMA pour la transparence, ou l’ABS pour sa facilité de finition.

Étape 3 : Arbitrer le triptyque Coût-Performance-Processabilité

C’est le cœur de l’arbitrage de l’ingénieur.

  • Le coût Matière : Il existe une hiérarchie claire des coûts. Les polyoléfines (PE, PP) sont les plus économiques. Viennent ensuite l’ABS, puis le PMMA et le PA6. Le PC et le PA66 sont dans une gamme de prix supérieure. Enfin, les grades spéciaux (renforcés, ignifugés, haute température) peuvent avoir des coûts significativement plus élevés.
  • Le coût de l’outillage : Le choix du matériau a un impact direct sur le moule. Un plastique très abrasif (chargé en fibres de verre) nécessitera un acier de moule plus dur et plus cher. Un plastique corrosif (comme le PVC) peut imposer un acier inoxydable. Un matériau à fort retrait demandera une conception de moule plus complexe pour garantir les tolérances.
  • Le coût du Cycle de production : Des matériaux à haute température de fusion (comme le PEEK ou certains PA) nécessitent des presses et des périphériques plus performants et consomment plus d’énergie. Des temps de refroidissement longs, nécessaires pour les pièces épaisses ou certains polymères, allongent le temps de cycle et donc le coût par pièce.

Étape 4 : Valider par le prototypage et les essais

La théorie et les fiches techniques ne remplacent jamais la validation physique. Le prototypage rapide, que ce soit par usinage, impression 3D ou via des moules prototypes en aluminium, est une étape indispensable pour tester la pièce en conditions réelles. Il permet de valider la conception, la montabilité, et surtout, de confirmer que le matériau choisi se comporte comme prévu avant de lancer l’investissement coûteux d’un moule de production en acier.

Matrice d’aide à la décision par application

Application Contraintes Clés Matériaux Primaires Recommandés Matériaux Alternatifs (Compromis) Points de Vigilance
Boîtier de batterie (EV) Haute T°, Résistance feu UL94 V-0, Résistance chimique, Rigidité PC+PBT, PA66-GF30 (V-0) PPS (T° très élevée), PP chargé (coût) Stabilité dimensionnelle, étanchéité, coût
Engrenage industriel Résistance à l’usure, faible friction, résistance mécanique, fatigue PA66, POM (Acétal) PEEK (haute performance), PA6 chargé MoS2 Reprise d’humidité (PA), tolérances serrées
Verre réutilisable (festival) Contact alimentaire, Transparence, Résistance aux chocs SAN, Copolyester (Tritan) PP (opaque, économique), PC (non-alimentaire) Aptitude au contact alimentaire, rayures
Boîtier de capteur extérieur Résistance UV, Étanchéité (IP67), Résistance aux chocs ASA, PC (grade UV) PMMA (moins résistant aux chocs) Stabilité de la couleur, joint d’étanchéité
Optique de phare auto Haute transparence, Haute T°, Résistance aux chocs, Résistance UV PC (avec traitement anti-rayures/UV) PMMA (pour feux arrière, moins de chocs) Qualité optique, absence de défauts, coût

 

De la théorie à la pratique, faites le bon choix avec un partenaire expert

La sélection du matériau plastique idéal pour un projet d’injection est un processus itératif et un arbitrage multicritères complexe. Comme ce guide l’a démontré, il n’existe pas de « meilleur » plastique dans l’absolu, mais seulement un grade et une formulation parfaitement adaptés à un cahier des charges précis. Naviguer entre les contraintes mécaniques, thermiques, chimiques, réglementaires et économiques exige une expertise pointue et une vision globale du projet, de la conception de la pièce à sa production en série.

Faire appel à un partenaire spécialiste comme BG Plastic, c’est s’assurer d’un accompagnement qui va au-delà de la simple transformation de granulés. Notre valeur ajoutée réside dans notre double expertise en science des matériaux et en conception d’outillages. Nous intervenons en amont pour challenger et valider vos choix, simuler le comportement de la matière dans le moule, et optimiser le triptyque pièce-matière-process pour garantir la performance, maîtriser les coûts et sécuriser vos délais.

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